Une visite dans la cuisine du voisin

Je me prélassais encore dans mon lit ce matin que déjà une odeur de nourriture alléchante chatouillait mes narines. Ce que j’identifiai tout de suite comme étant à base d’un poisson fumé salé excita aussitôt mon appétit.

De mes draps, je décelais effectivement l’odeur et le goût d’un aransò en sauce (hareng saur en sauce) accompagné de mayi moulen (maïs moulu ou polenta) aux tomates, repas qui, j’en était certaine, serait servi avec un bon zabèlbòk.

Ce festin aurait pu être concocté dans notre cuisine, mais je savais que ce n’était pas le cas. L’heure était trop matinale; nous ne préparons pas la nourriture du jour de si tôt chez nous. Je le savais, mais je ne pouvais me retenir de souhaiter qu’il en soit autrement et même d’envier ce voisin et ses convives.

Cependant, un sourire se dessina malgré moi sur mes lèvres. J’imaginais aussi que, sans le vouloir, un voisin m’avait invité à son repas familial. Mon esprit vagabonda à un point tel que je me mis à penser au fait que, de ma chambre, j’arrivais à espionner sa cuisine et à savoir ce qui s’y mijotait, une idée qui, aussi drôle que cela puisse paraître, me réconforta.

Enfouie sous mes couettes, je dégustais par mon odorat ce mayi ak aransò ! Je devinais même son assaisonnement qui incluait certainement de la pâte de tomate et un bouillon cube – ingrédients contestés mais malheureusement très prisés de nos cuisinières locales. Comme vous le devinez, je profitais pleinement de cette expérience olfactive très typique de chez nous !

Nos maisons étant plutôt ouvertes, l’air frais, les arômes d’épices écrasées au pilon dans notre maison et même les concoctions du voisin, en témoigne cette expérience, pénètrent par toutes les ouvertures. Au détour d’un chemin on arrive même à identifier les plats mijotant sur un feu, expérience que j’ai vécue lors d’une de nos marches dans les hauteurs de Fort-Jacques il y a quelques mois.

Une agréable odeur vanillée avait agrémenté notre marche ce jour-là. L’odeur était si forte que ma mère et moi avions pris le temps d’essayer d’identifier le plat en question pour conclure qu’il s’agissait certainement d’une bouillie, bouillie qui me donna immédiatement faim. Tout comme ce matin, mes papilles voulaient à tout prix goûter à ce plat sucré, et je rêvais d’être présente lorsqu’on en verserait le contenu dans des bols individuels !

A y penser, je ne peux que conclure que le fait d’arriver sans faire exprès à « goûter » au repas d’un voisin est tout de même une expérience particulière difficile à éviter chez nous. On s’invite souvent, malgré nous, aux festins de tout un quartier !

Est-il possible d’en faire autant partout dans le monde ? Je me le demande.

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