Bétail, viande et abats

Ce plat servi lors d’une réunion de famille il y a quelques semaines évoque plein de souvenirs.

Cette assiette, pour ceux qui n’arrivent pas à en identifier le contenu, est composeé d’abats, de boudin et d’oreilles de porc, pour ne citer que ceux-là, provenant du porc abattu le jour même pour notre diner.

Ce délicieux plat qui peut effrayer plus d’un me ramène à l’époque où nous nous réunissions en famille autour d’un festin à base de cabri frais. Au menu de ces réunions: sang fricassé et accordéon en guise d’amuse-gueule et viande de cabri grillée comme plat principal.

Il me rappelle aussi le bétail que nous gardions dans notre cour pendant quelques jours le temps de les engraisser ou de l’arrivée du boucher. Ce bétail qui consistait le plus souvent en dinde et cabri – nous avions aussi parfois des pintades et des poules – nous venait des provinces d’Haïti. J’étais toujours enchantée lorsque mon père ramenait ces cadeaux à la maison – les habitants des villes de provinces offrent souvent du bétail en cadeau pour les fêtes de fin d’année.

Une dinde ou un cabri vivant dans notre cour faisait notre joie. Nous passions des heures à imiter leurs cris, ce qui incitait les pauvres animaux à crier encore plus fort et exaspérait les adultes. Nous prenions encore plus de plaisir à imiter le gloussement de la dinde car plus cet animal glousse plus il rougit.

J’entends encore ma grand-mère, qui elle aussi avait assez souvent des dindes dans sa cour, s’écrier: « Ca suffit, vous fatiguez la dinde. Vous allez finir par la tuer ! » Elle ne semblait pas se rendre compte que ces mots nous encourageaient encore plus. Imaginez si nos simples cris provoquaient la mort de l’animal ! Il nous fallait absolument tester cette hypothèse ! Comme vous devez le deviner, nos efforts furent vains ; aucune dinde ne succomba à nos provocations.

Le bétail encore vivant annonçait que nous aurions aussi la chance d’assister à l’abattage. J’étais moi même fascinée par l’abattage des cabris. Je m’éloignais toujours lorsqu’on égorgeait et que l’on laissait couler le sang de l’animal – qui s’utilisait pour la préparation du sang fricassé – dans un bol, mais exigeait que ma sœur, plus brave que moi, m’appelle aussitôt cette étape achevée. Je tenais à tout prix à assister à la séparation de la peau de la chair de l’animal.

Je trouvais fascinant que le boucher arrive à gonfler l’animal comme un ballon à l’aide d’une simple tige de roseau. Cette méthode s’utilise en fait pour détacher la chair de la peau en la laissant intacte.

Je partagerais bien quelques photos avec vous, mais je ne veux pas offenser les âmes sensibles qui me lisent. Je crois que c’est déjà assez troublant que ces abattages m’aient autant enchantée.

Pour ma défense, je dirai simplement que j’acceptais ce processus parce qu’il annonçait un festin au « viandivore», pardon carnivore, qui vit en moi.

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