L’un des plus grands plaisirs de la vie en montagne en Haïti est de pouvoir s’arrêter lors des longues promenades pour déguster les merveilles de la nature. Parmi ces merveilles, je ne saurais oublier les fraises des bois (mûres), petits fruits mauves qui se retrouvent le long d’un chemin, d’un sentier ou d’une route dans les hauteurs de Fort-Jacques et de Kenscoff. Plus elles sont mauves, plus ces fraises sont agréables au goût.
Ces petits fruits me permettaient de tenir le coup lors des interminables marches avec mon père, mes oncles, tantes et amis de la famille. Cueillies d’un arbuste aux épines pourtant si nombreuses, les fraises des bois faisaient la joie de ces longues marches de près de deux heures à destination de Kenscoff et me donnaient le courage de continuer. Elles étaient le prélude de nombreuses dégustations qui auraient lieu une fois notre destination atteinte. En effet, Kenscoff de par son agriculture si riche nous offraient à notre arrivée tout un choix de fruits dont nous nous rassasiions avant de reprendre le chemin du retour.
Les fraises des bois, il y a des années que je n’en ai mangées. Nous n’en avons même plus dans notre cour à la maison. Nous avons remplacé ces arbustes sauvages par d’autres, moins épineux. L’unique survivant de la famille est celui que nous appelons chez nous «rezen», j’ose utiliser l’orthographe créole car ce fruit n’a rien du vrai raisin. Contrairement aux fraises des bois, le «rezen » qui est en fait un autre type de mûres est de forme allongée et pousse sur un grand arbre, si grand que la cueillette en est difficile.
Chers lecteurs, si vous trouvez des fraises des bois en abondance, je vous suggère d’en faire une bonne crème à la glace, un jus à l’eau, au lait ou simplement de les déguster fraichement cueillies comme je l’ai souvent fait durant mon enfance.
