Les goyaves, vertes ou mûres?

Il y a de ces souvenirs d’enfance qui ne peuvent que vous mettre un sourire aux lèvres. L’autre jour, je me suis surprise à sourire à la simple vue des goyaves vertes qui garnissent les branches de notre goyavier.

Je souriais car ces goyaves me ramenaient à plus de 20 ans en arrière. Je devais avoir 6-7 ans. Je prenais plaisir à manger les goyaves encore vertes. Pour une raison ou une autre, j’aimais le goût âcre, parfois sûr de la chair de ce fruit qui avait aussi un goût de feuilles. Le fait que j’aie à tout recracher – les goyaves étaient si vertes que je ne pouvais les avaler – après en avoir extrait tout le jus ne me gênait point.

Les adultes de mon entourage me couraient constamment après. Je me contentais d’ignorer leurs avertissements. Si dès mes premières goyaves je n’avais aucun symptôme c’est qu’elles ne me rendraient pas malade comme ils le prétendaient. En fait, j’étais convaincue qu’ils voulaient simplement que je laisse mûrir les fruits sur l’arbre afin qu’ils puissent eux-mêmes les déguster. Une telle entente ne me convenait pas vu.

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Je n’aimais pas le fruit mûr qui m’effrayait d’ailleurs.

Ma peur des goyaves à point était justifiée. Quelqu’un avait eu la bonne idée de me raconter une de ces histoires que l’on raconte aux enfants pour les impressionner ou parfois les effrayer sans penser aux conséquences. Je m’étais laissée convaincre que les goyaves mûres tenaient leur couleur rose des vers qui les habitaient.

Cette simple théorie avait donc transformé les goyaves mûres en mon pire cauchemar. Quand on m’en offrait, je voyais bouger la chair du fruit. Je n’arrivais pas à accepter que ce n’était que le fruit de mon imagination, surtout que des vers de terre roses j’en voyais souvent dans notre jardin. J’imaginais donc bien qu’ils puissent en effet pénétrer les fruits sur l’arbre. Les goyaves vertes étaient mon unique solution pour profiter des fruits de l’arbre autant que le reste de la maisonnée.

Aujourd’hui, à 28 ans, je sais que mon imagination me jouait plein de vilains tours, dont celui-ci, lorsque j’étais enfant. Je sais aussi que toutes les goyaves n’ont pas de vers. Je n’arrive pourtant toujours pas à mordre une goyave à pleines dents.

Je suis toute fière cependant de dire que je fais beaucoup d’efforts sur moi-même pour en apprécier le goût. J’exerce mon palais à apprécier les pâtés de goyave vendus en Haïti. Avec de la chance, je développerai aussi bientôt un goût pour la gelée de goyave et la pâte de goyave de chez nous. Le fruit lui-même devra encore attendre longtemps, je pense. C’est ce qui arrive avec ce genre d’histoires qui vous marquent pour la vie. Je me fais la promesse de ne jamais raconter de telles histoires à mes enfants.

Cet article a été publié pour la première fois le 17 septembre 2014. La mise à jour 2020 inclut des remaniements de textes ainsi que de nouvelles photos.

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