Comment manger un mango blan

Il est 5h de l’après-midi. Je rentre chez moi après une longue journée. A mon arrivée, ma mère me questionne. Elle a découvert un bol de mango blan au réfrigérateur et veut savoir si je suis celle qui a ainsi épluché et coupé la mangue.

Un peu perdue par toutes ces questions, je lui réponds oui ce qui provoque un fou rire chez elle. Lorsqu’elle se calme, c’est pour me raconter qu’elle a été si étonnée qu’elle a partagé sa trouvaille inattendue avec une collègue.

Toujours confuse, je lui demande ce qu’il y a de si bizarre. Après tout, je coupe assez souvent des mangues pour les emporter au bureau pour mon snack du jour.

Elle sourit et me harcèle encore de questions. Elle insiste pour que je lui explique comment j’ai procédé.

Ne me doutant pas de la suite, je lui explique que cette fois-ci je me suis armée d’un épluche-légumes. Il faut dire que j’étais toute fière de ma trouvaille qui avait rendu l’épluchage plus facile. J’étais certaine qu’elle adopterait comme moi cette méthode à l’avenir.

Loin de moi d’imaginer qu’elle éclaterait encore de rire, appellerait ma sœur et mon père, et que ma trouvaille provoquerait l’hilarité générale.

Ils ne comprennent pas que j’aie pu utiliser un épluche-légumes pour un mango blan. A leurs dires, un couteau n’aurait pas non plus fait l’affaire. Pourtant le fruit me paraissait assez ferme, en témoigne la photo ci-dessous.

Mango blan Haiti

Un peu vexée, je leur fais une démonstration qui entraine les commentaires suivants :

« Men mango blan monte sou tab. Gadon blag mwen pral bay demen » – les mango blan se mangent à table, ça c’est une bonne blague à partager au bureau.
« Se konsa boujwa manje mango » – c’est ainsi que les gens sophistiqués mangent les mangues.

Ils m’expliquent par la suite que les mango blan ne se mangent pas au couteau et certainement pas à table.

J’apprends que, tout comme les mango kòn de mon avalanche, ces mangues se dégustent à pleines dents en Haïti. Etant assez fibreuses et juteuses, elles se mangent aussi en tòtòt.

Elles se distinguent des autres variétés de mangues par leur couleur moins jaunâtre – d’où le nom de mango blan – et leur grosseur.

Ces mangues sont si grosses qu’il faut du temps pour en extraire le jus. Elles se mangent donc lentement, ce qui apparemment faisait la joie des parents d’enfants turbulents dans le temps. Il suffisait qu’ils tendent un mango blan à leurs enfants pour avoir leur paix pendant un certain temps.

Ma mère me raconte avoir elle-même dégusté avec joie des mango blan pendant de longues heures durant son enfance.

Elle me parle de ses dégustations de mango blan avec tant de passion que je ne peux m’empêcher de me demander comment j’ai pu commettre un tel impair et manger ainsi un mango blan.

Ce n’était pourtant pas la première fois que j’entendais parler de cette variété de mangues chez nous. N’en avais-je donc jamais mangé avant ?

La seule explication que je puisse trouver est que j’étais une enfant calme dont les parents n’avaient pas besoin d’occuper le temps avec un mango kòn pour avoir un peu de répit.

J’étais le contraire de ma mère, quoi. 😉

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