Je suis « cette » Haïtienne…

Je ne me savais pas aussi Haïtienne jusqu’à ce que je “redevienne” “cette” Haïtienne. Cette Haïtienne dont l’estomac et le palais ne chantent à l’unisson que lorsqu’ils rentrent en contact avec la cuisine typique haïtienne. Cette Haïtienne dont la survie dépend de la cuisine de chez nous. L’Haïtienne qui vit de “diri, sòs pwa, vyann, bannann.”

Diri, sòs pwa, vyann, bannann ?

Riz, sauce aux haricots, viande et bananes plantain, un menu typiquement haïtien.

Je vous ai déjà parlé de notre amour du riz. J’ai aussi rendu hommage à notre sòs pwa. Cependant, je ne vous ai jamais vraiment présenté cet incontournable menu dont, je dois l’avouer, j’ignorais l’importance dans ma propre vie. Vous voyez, les familles haïtiennes servent ce menu religieusement au dîner de tous les jours. Notre table est incomplète si elle n’inclut pas ces plats sous une forme ou une autre. 

Il y a deux ans, j’aurais qualifié ce menu de monotone. J’en avais même ras le bol de le retrouver à tous les repas. Je rêvais de menus plus créatifs, de plats exotiques… 

Et oui, celle qui célèbre la cuisine haïtienne sur ce blog s’en lassait.

En fait, elle ignorait combien son bien-être dépend de ce genre d’alimentation

Il a fallu que je passe plus d’un an sans manger « à l’haïtienne » pour réaliser à quel point nos traditions culinaires sont ancrées en moi. Mon propre corps a réagi en s’enflammant. Ne vous moquez pas de moi, je dis vrai.

Voyez-vous, j’ai passé une année entière sans jamais manger le typique « diri, sòs pwa, vyann, bannann ». Et j’étais malheureuse. Je me nourrissais quotidiennement de viande et de légumes que je préparais moi-même. Mais je n’étais jamais rassasiée et je n’arrêtais pas de grossir, ce, sans doute parce que je grignotais pour compenser. 

Aujourd’hui, je comprends que mon corps avait besoin de ce « menu haïtien ».

Sa survie en dépend. Et je vous répète fièrement que je suis redevenue cette Haïtienne qui sommeillait en moi. Je mange désormais du “diri, sòs pwa, vyann, bannann” tous les jours. Ce menu me procure une immense joie, sans compter que, vu que je ne grignote plus,  j’ai également perdu quelques kilos. Et ceci, parce que j’ai tout simplement décidé de renouer avec mon identité culturelle.

C’est ce constat qui m’a motivé à me préparer un festin de Pâques pour un. Je me suis concoctée un dîner complet à l’haïtienne.

Au menu de Pâques : tarte tatin aux poireaux, bannann peze, carré d’agneau en croûte aux “épis” hachés et ti bonm – oui, j’ai haché tous les ingrédients de notre traditionnel “épis” pour incruster mes côtelettes – et du riz, bien sûr, l’incontournable à notre table. J’ai même préparé un gâteau au chocolat et fruits de la passion.

Leek Pie - Tarte Tatin | Tchakayiti - Haitian Food

Nous, les Haïtiens, passons un tournant difficile et douloureux. Mais désormais, je sais qu’il y a un baume à ma douleur. Pour tenir le coup, je dois me nourrir à l’haïtienne en préparant des repas complets, en cuisinant des dîners du dimanche, et surtout en célébrant les événements comme nous le faisions dans le passé lorsque notre quotidien en Haïti était tellement plus simple. Je suis heureuse de renouer avec cette Haïtienne qui doit être nourrie à l’haïtienne.

Partagez cet article avec vos proches :

Laissez un commentaire :

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée.

Inscrivez-vous !

Recevez mes anecdotes par email.

Vous avez rejoint ma liste. Oops! Une erreur s'est produite. Essayez à nouveau.
Saveur Blog '19 Awards | Best Food Culture Blog

Dernières Anecdotes

  • All
  • accompagnement
  • amuse-gueule
  • boissons
  • céréales
  • cocktail
  • condiments
  • Creole Kitchens
  • culture
  • fines herbes
  • fruit de mer
  • fruits
  • Idea Casserole
  • inspiration
  • lakou lakay
  • légume
  • poisson
  • recettes
  • salé
  • snack
  • sucré
  • trucs & conseils
  • ustensiles
  • viande
© Copyright 2024. Tchakayiti par Annick Mégie. Tous droits réservés.
%d blogueurs aiment cette page :