Sòs pwa, pois en sauce à l’haïtienne

29 janvier , 2020
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Huit personnes autour d’une grande table ; un bol passant d’un convive à l’autre ; une personne avertissant l’autre de ne pas prendre trop de grains de pois afin de m’en laisser…

Telle est l’image qui me revient lorsque je pense aux repas de la semaine pris chez ma grand-mère durant mon enfance. Ces petits moments passés chez elle me plaisaient. Je me sentais comme une reine car tout le monde autour de la table connaissait mon goût particulier pour les grains de pois et s’assurait de m’en laisser suffisamment.

Mes oncles et tantes prenaient toujours le temps en me servant de mettre autant de grains de pois dans la louche que possible et de les verser au-dessus de mes deux ou trois cuillérées de riz tout en s’assurant de me donner aussi assez de sauce. J’aimais autant les pois. Mais il fallait absolument que mon riz soit arrosé d’une part égale de sauce et de grains entiers pour que je sois satisfaite.

Cet amour pour les pois, bon nombre de mes compatriotes le partagent.

Ce n’est pas un secret que nous n’acceptons pas de manger sans riz et sans pois non plus. Nous aimons vraiment notre sòs pwa. Nous en arrosons notre riz blanc, notre mayi moulu ou petit mil qu’il agrémente parfaitement. Quelque soit les céréales choisis, un fait est certain, en Haïti, nous consommons les pois en sauce durant toute la semaine. Pour éviter la monotonie, nous y ajoutons parfois des ti salé ou lardons que certains appellent « nanm pois, » l’âme des pois. Nous alternons également les types de pois d’un jour à l’autre, notre répertoire de pois étant assez riche. Pois rouges, noirs, blancs et verts se succèdent donc à nos menus. Il s’agit bien sûr ici d’une liste incomplète car il existe encore plus de variétés que je ne saurais lister sans m’y perdre.

Je vous dirai cependant que, petite, j’avais une préférence particulière pour les pois noirs et les pois blancs. Une variété connue sous le nom de pois beurre m’intriguait. Je pense cependant que j’étais plus fascinée par le nom qu’autre chose surtout que j’aimais beaucoup le beurre à l’époque.

Pour en revenir à mon cher sòs pwa, mon amour des pois perdure encore aujourd’hui.

Il ne faut surtout pas me laisser seule avec une casserole de pois précuits. Je vous garantis que j’en mangerai autant que possible avant de les réduire en purée et de les mettre à mijoter pour la préparation de notre fameux sòs pwa.

Chers lecteurs, vous êtes donc avertis. Si jamais vous m’invitez à manger chez vous et que le sòs pwa figure au menu, abstenez-vous de réduire tous les grains en sauce. Laissez m’en suffisamment. Qui sait, je chanterai peut-être aussi vos louanges sur ce blog un jour.

Cet article a été publié pour la première fois le 3 septembre 2015. La mise à jour 2020 inclut des révisions de textes, une recette plus détaillée et de nouvelles photos.