Le Vendredi Saint est à nos portes. J’anticipe déjà le repas traditionnel que nous servons ce jour-là. Lorsque j’étais enfant, durant tout le carême, j’attendais impatiemment ce jour et son repas grandiose.
Je n’ai jamais vraiment compris pourquoi nous festoyons autant ce jour-là, mais je serai bien la dernière à m’en plaindre. C’est avec joie que je me retrouve à la table familiale ce jour-là. Les plats semblent être préparés avec le plus grand soin.
J’aime particulièrement le menu de ce jour. Il inclut notre traditionnel poisson gros sel et les fameux pois frits de mon père. Je dois aussi mentionner la salade russe illustrée plus haut.
Un indispensable du Vendredi Saint, la salade russe est un mélange de pomme de terre, betterave et carotte souvent agrémentées de maïs, de petits pois et de câpres. Ce mélange de légumes est lié avec de la mayonnaise.

Je dois vous avouer que c’est l’unique plat figurant au menu qui ne m’enchante pas.
Je vous le sers tout de même aujourd’hui. Il s’agit d’une tradition haïtienne que je ne saurais ne pas partager avec vous. Vous avez cependant certainement noté que ma salade n’est pas mélangée à la mayonnaise, et ce pour une seule raison : je n’aime pas la betterave.

Je n’ai jamais accepté le fait que ce légume colore le contenu d’une assiette de son rouge vif. C’est le seul aliment que je n’ai jamais pu trier, et en général j’arrive toujours à isoler tout ce que je n’aime pas dans mon assiette!
Mon aversion pour les betteraves est notamment due à une autre de ces histoires que l’on raconte aux enfants sans vraiment se rendre compte qu’elles sont susceptibles de les marquer pour la vie.
Mon père, en plaisantant, appelait les betteraves pipi rouge.
Je ne m’attarderai pas à expliquer ce surnom que vous arriverez certainement à comprendre de vous-même. Je vous dirai simplement, qu’à mes yeux d’enfant, si ce légume pouvait autant tâcher une assiette, mon père ne pouvait se tromper. La betterave pourrait effectivement colorer mes organes. Aucun doute là-dessus. Du moins c’est ce que je croyais. Et apparemment ce que j’avais vécu, d’après ce que ma tante m’a raconté il y a quelques jours. Mais je n’ai aucun souvenir de cet incident.

Aujourd’hui, je fais un grand effort sur moi-même pour manger cette salade qui en fait est excellente. J’avoue cependant que j’essaie encore d’enlever les betteraves. Je mène une guerre sans fin avec nos cuisiniers. Ils n’acceptent toujours pas de ne pas mélanger tous les ingrédients afin que je puisse moi aussi profiter de ma salade russe…sans betterave.
C’est d’ailleurs la raison pour laquelle aujourd’hui je vous sers une salade russe à assembler soi-même. Pas de panique, si vous ne partagez pas mon aversion pour la betterave, vous pourrez tout de même créer une véritable salade russe à partir de la recette ci-dessous.

Salade russe à la Tchakayiti
Ingrédients
- Betteraves
- Pommes de terre
- Carottes
- Câpres
- Maïs facultatif
- Petits pois facultatif
- Oignon haché facultatif
- Huile d’olive
Pour la sauce
- 2 tbsp de mayonnaise
- 3 tbsp de sour cream
- 1 jus de citron
- 1 tête d’ail écrasé
- 1/8 tsp de sel
- 1/8 tsp de poivre
Instructions
- Lavez les betteraves, pommes de terre et carottes
- Enrobez-les de sel et d’huile d’olive
- Mettez-les dans du papier aluminium
- Faites cuire au four pendant environ 45 minutes ou jusqu’à ce que les légumes soient cuits
- Epluchez les légumes cuits et coupez-les en dés
- Mélangez-les au maïs, petit pois, câpres et oignons
Pour la sauce
- Mélangez les ingrédients
- Ajustez les épices au goût
- Servez la sauce dans un bol en accompagnement à votre salade ou mélangez-les aux légumes pour une salade russe traditionnelle
Servez votre salade froide ou à température ambiante