Il y a quelques semaines, je dégustais enfin le lalo cette spécialité de chez nous qu’un oncle m’avait ramenée d’un de ses séjours en province.
Cela faisait déjà plus d’un an que je n’avais mangé de lalo, plat haïtien dont je suis particulièrement friande mais que je ne mange que rarement vu que je n’en consomme pas n’importe où. Je suis en effet de ces personnes qui vous diront qu’il n’est pas donné à tout le monde de réussir un lalo. J’évite donc d’en manger à Port-au-Prince sauf si un originaire de Saint-Marc en prépare, le lalo étant une spécialité du département de l’Artibonite (nord de Port-au-Prince) où se trouve cette ville.
Le plat à emporter me mit le sourire aux lèvres ce jour-là et me transporta dans un délicieux voyage gastronomique dans le temps.
Dès la première bouchée, je me retrouvai sur une cour de récréation bourdonnant d’activités. J’étais entourée de mes compagnes de classe en uniforme qui circulaient les bras chargés de plats haïtiens. Conversations bruyantes à propos de nourriture et d’estomac débordant de nourriture, rires et blagues étaient de la partie, créant une atmosphère de fête.
Et oui, une simple bouchée de ce lalo me ramena sur la cour où j’avais découvert ce plat savoureux!
Je me rappelle cette découverte comme si c’était hier. Cette année-là, l’école organisait sa toute première foire gastronomique en l’honneur de la fête du drapeau du 18 mai. Cette foire était l’occasion pour nous, jeunes, de découvrir le riche répertoire culinaire d’Haïti à travers divers plats régionaux qui variaient d’une année à l’autre. Ces journées étaient l’occasion pour nous d’effectuer un voyage gustatif à travers les arômes, senteurs et goûts de notre pays.
A base de feuilles de jute (lalo), de pye kochon et de cirique, le lalo, qui nous arrivait directement de Saint-Marc, figurait parmi les spécialités régionales au menu de cette première édition.
Une alléchante odeur de fruit de mer et de porc m’avait attirée à une table où j’allais découvrir le lalo pour la toute première fois.
J’avoue qu’il n’y eu pas de coup de foudre lors de notre première rencontre.
Mon odorat m’avait amené à une casserole remplie d’une sorte de ratatouille verte qui n’avait rien d’attrayant à mes yeux. Je dois vous rappeler que les légumes ne sont pas mon fort. En dépit de son odeur qui me mettait l’eau à la bouche, ce plat à base de légumes écrasés ne me paraissait pas si appétissant.
N’eut-ce été l’intervention de la vendeuse et de mon entourage, je n’en aurais surement pas goûté ce jour-là. Elles me décrivirent le lalo comme un plat similaire au toufe que j’aimais tant. Ce qui distinguait ces deux plats était simplement le choix de légumes: feuilles de lalo (jute) pour le lalo et ratatouille d’aubergine et de mirliton pour le toufe de légumes dont vous retrouverez une recette ici.
Elles réussirent à force d’arguments à me convaincre de prendre une bouchée de lalo. A ma grande surprise, en dépit de sa couleur, le lalo se laissait manger. Fortement imprégné du jus de cirique et de la viande de porc, le lalo se koupe dwèt.
Depuis cette première dégustation, je ne négocie plus mon lalo!
A vous qui hésitez donc encore à en goûter vu son aspect, je dirai simplement, essayez-le. Vous ne le regretterez pas. Vos papilles et votre organisme (le lalo étant riche en fer et protéines) vous remercieront. 😉