La traversée du marché

Cette brave femme portant les fruits de sa récolte est le portrait des durs travailleurs qui plantent leurs semences sur les flancs de nos mornes que je vous ai décrits sur le blog il y a quelques temps.

Ayant vécu toute ma vie dans les environs de Fort-Jacques / Kenscoff, je peux vous en dire long sur le tableau coloré que créent ces vendeurs lorsqu’ils se dirigent vers le marché le plus proche certains jours de la semaine pour vendre les fruits (et légumes) de leur dur labeur.

Lorsque j’étais enfant, les mardis et jeudis étaient jours de marché – aujourd’hui je me perds un peu car les jours semblent varier d’une période à l’autre. A l’époque, nul ne pouvait échapper au « jou mache » (jour de marché). Ces abitan (résidents de la zone) envahissaient une grande partie de la route passante avec leurs paniers remplis à déborder de fruits et légumes qu’ils vendaient au plus offrant.

Impossible de rater leur présence. Ces marchandes étaient si nombreuses qu’à pied ou en voiture, nul ne pouvait éviter cette foule à la fois fascinante et intrigante à regarder, écouter et même sentir.

Carottes, choux, tomates, laitue, betteraves, navets, oignons, pommes de terre garnissaient leurs paniers surchargés qui se portaient sur la tête ou à dos de mules qui se faisaient souvent frapper lorsqu’elles refusaient d’accélérer le pas. Les voitures perdaient leur place ce jour-là, il leur restait un passage à peine assez grand pour circuler. Expérimentés ou pas, tous les chauffeurs se retrouvaient à éviter orteils, fesses et paniers de produits frais.

Inutile de vous décrire les discussions ardentes qui en résultaient surtout que ces marchandes n’acceptaient pas toujours de se déplacer ou de tirer leurs marchandises pour qu’une roue ne les écrase pas. Ces échanges animés auxquels s’ajoutaient de sérieuses négociations entre vendeurs et acheteurs et aussi des conversations de tous les jours s’entendaient à mille lieux tout comme ce marché se faisait aussi sentir par ses mélanges d’odeur.

En effet, une odeur de fruits et légumes frais à laquelle s’ajoutait celle de la marée humaine imprégnait l’air jusqu’à me souler parfois. Se retrouver en voiture au milieu de cette foule n’était pas toujours une partie de plaisir et si je vous parle aussi de choux, vous comprenez déjà que mes poumons n’étaient pas toujours contents. Une lecture de mon article intitulé savez-vous planter des choux vous aidera à mieux comprendre l’effet de ces effluves.

Aujourd’hui, bien que ce marché existe encore, il n’a plus le même impact. Le profil des marchandes a changé et on prend à peine l’odeur des légumes. Les conversations amicales semblent aussi avoir disparu ou peut-être est-ce simplement dû au fait que le marché ne se tient plus sur notre route.

Je prends toutefois encore plaisir à savoir que plus haut dans les montagnes ces braves hommes et femmes portent encore leurs récoltes de produits frais au marché le plus proche.

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