Les grenades du dimanche

Il y a plus de 20 ans, un dimanche matin…

Il est environ 9 ou 10 heures. Ma famille est au salon, les yeux rivés sur le petit écran.

Des explosions de rire résonnent dans toute la maison. Nous regardons notre comédien haïtien préféré de l’époque. TNH, la Télévision Nationale d’Haïti, diffuse Languichatte.

Languichatte fait partie de notre rituel du dimanche. Personne ne peut nous éloigner de l’écran lorsque ces sketchs sont en diffusion. Nous ne raterons pas une seconde de ces épisodes.

Pourtant, ma sœur et moi attendons impatiemment la pause publicitaire.

Nous avions cueilli des grenades de l’arbre se trouvant devant la maison de notre grand-mère vendredi après-midi. Le moment était enfin venu de les savourer. Et pour une raison quelconque, nous avons choisi de les manger durant les pauses pub.

La première pub a à peine commencé que nous nous précipitons sur la terrasse. Toutes excitées, nous nous lançons le défi de déguster autant de grenades que possible avant la fin de la pause. Plus nous les mangerons vite, plus nous aurons de chance de savourer un deuxième ou un troisième fruit.

Étant la plus jeune, je sais qu’il m’est pratiquement impossible de gagner ma sœur à ce jeu. Je veux plus d’un fruit, mais je ne veux pas non plus m’empresser pour ne pas perdre trop de grains. Les grenades sont simplement trop juteuses et sucrées pour que je les laisse tomber par terre.

Avec mes petits doigts d’enfant, je fais de mon mieux pour enlever la membrane interne qui sépare les graines de grenade les unes des autres sans les laisser tomber. Malheureusement, ma maladresse prend le dessus. Beaucoup de graines se retrouvent au sol.

Pourtant, je n’abandonne pas. A la deuxième pause, je me précipite encore une fois sur la terrasse pour relever ce défi déjà perdu…

Aujourd’hui, je ne saurais vous dire si ces souvenirs sont ceux d’un seul ou de plusieurs dimanche. De mémoire, j’ai toujours associé les grenades à Languichatte. C’est comme si les grenades ne sauraient se déguster sans un Languichatte.

Il faudrait sans doute que je fasse un retour en arrière pour vérifier ce que je vous raconte. Ou simplement que je me replonge dans un épisode de Languichatte…

Malheureusement, ce temps est révolu. Les choses ont beaucoup changé depuis. Languichatte n’est plus en diffusion depuis de nombreuses années. Nous n’avons pas non plus accès au grenadier de mon enfance. Je ne pourrais même pas vous dire s’il tient toujours debout ou non.

Si je devais revivre cette expérience, je devrais probablement acheter mes grenades en supermarché. Et ce serait pour moi une toute nouvelle expérience; un nouveau fruit à découvrir.

Les grenades commercialisées à l’échelle mondiale semblent être différentes de celles que je connais. Elles sont beaucoup plus grosses et d’une couleur rouge pourpre.

Les grenades de mon enfance étaient beaucoup plus petites et plutôt jaunes. Leur pulpe jaunâtre tirait parfois sur le rose, mais un rose très pâle.

Fort heureusement, nos grenades locales semblent n’avoir pas changé. Je n’en trouve pas autant qu’avant, cependant. Bien que nous ayons planté un arbre dans notre cour, nous n’avons pas encore eu droit à une récolte de grenades.

Serait-ce que les grenadiers prennent autant de temps que nos pruniers mesquins pour porter des fruits ?

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