Chers lecteurs, me voici de retour après de longues semaines d’absence.
Ce mois-ci marque deux ans depuis que je rédige ce blog. Je saisis cette occasion pour vous remercier de votre fidélité, et surtout m’excuser de négliger depuis le début de l’année de partager avec vous ces petites anecdotes gourmandes liées à mon Haïti. J’espère que vous ne m’en garderez pas rigueur trop longtemps.
Dans l’esprit de fête, je choisis aujourd’hui de faire une mise à jour à un des premiers articles publiés sur Tchakayiti il y a de cela deux ans. Ceux d’entre vous qui me lisent depuis le début se rappellent certainement l’article Fraises des bois? Mûres, « Rezen » ? où je vous parlais de mes longues marches vers Kenscoff; escapades qui s’accompagnaient souvent de cueillettes de fraises des bois ou mûres en français. Ce même article mentionne aussi brièvement une variété de baies dont j’ignorais le véritable nom.
Ces fruits rouges, pour ceux qui s’en rappellent, nous les appelons “rezen” chez nous. Cette appellation est probablement due au fait que chacun de ces fruits ressemble à une minuscule grappe de raisins. Ne les connaissant pas vraiment sous un autre nom, je n’utilisais jusqu’alors que ce mot purement haïtien.
Il y a quelques jours, cependant, j’eus la joie de découvrir, grâce à un des fans de notre compte Instagram, que ces “rezen” de chez nous sont en fait une variété connue sous le nom de “mulberries.”
Le dictionnaire français ne me donne malheureusement que le mot mûre pour traduction. Un site en ligne mentionne cependant les mûres « Wellington Mulberry. » J’espère bien qu’un de mes lecteurs francophones m’aidera à identifier leur appellation correcte dans cette langue. Entre temps, je continuerai à alterner l’utilisation des mots « rezen, mulberry et mulberries. »
Les “mulberries” viennent d’un arbre dont les branches frêles et recourbées poussent assez haut et même trop haut, faisant la joie de nos oiseaux – et notre malheur à nous les humains – qui ont désormais, selon les saisons, pêches, mandarines, pommes, loquat ou rezen à déguster, pour ne citer que ces fruits. Des festins fruités, courtoisie de mon #LakouLakay.
Cette année, à nos visiteurs ailés qui s’en prennent à nos rezen, s’ajoute un petit oiseau mieux connu sous le nom de “maman.”
Et oui, ma mère nous prend elle aussi nos rezen! Il y a quelques jours, je me suis rendue compte qu’elle s’amusait à nous dérober les fruits à moitié mûrs pour la macération d’un de ces fameux tranpe dont je vous ai déjà parlé sur ce blog.
Des cueillettes complètes de mulberries sont désormais emprisonnées dans une bouteille pleine de rhum blanc haïtien et de sucre.
Je n’ai rien contre ces tranpe. Bien au contraire, j’aime les siroter. Je préfère cependant déguster les fruits fraîchement cueillis de l’arbre au lieu d’avoir à attendre des semaines qu’ils soient prêts à être bus, surtout que ma mère ne nous laisse pas goûter à son tranpe tant qu’elle ne le juge pas prêt.
En effet, il y a quelques jours, j’ai essuyé un refus catégorique en tentant de la convaincre que, vu qu’elle prenait autant de fruits de l’arbre sans nécessairement attendre qu’ils arrivent à maturité, il fallait au moins qu’elle me laisse goûter à son fameux tranpe.
Bredouille, je dû ce jour-là me diriger vers l’arbre et me consoler des quelques fruits qui avaient survécu aux visites des oiseaux et de ma mère parce qu’ils étaient tombés de l’arbre et que notre gazon épais les cachait bien.
Ces petits fruits font la joie de mes après-midi. A mon retour du travail, je me dirige vers l’arbre – ou le gazon – pour recueillir et déguster autant de mulberries que possible.
Si seulement, ils pouvaient être en saison durant toute l’année !
C’est une des raisons pour lesquelles je pardonne ma mère d’en avoir emprisonné autant pour son tranpe. Grâce à son tranpe, j’aurai encore des mulberries à déguster une fois la saison terminée.