Tamarins, fruits sûres

Le fruit dont je vous parle aujourd’hui a longtemps figuré sur ma liste de fruits défendus et donc de fruit très attrayant pour l’enfant et même l’adolescente que j’étais.

Vous devez certainement vous demander pourquoi une telle liste et pourquoi ce fruit y figure. Le tamarin avait tout du fruit défendu simplement parce que pour l’obtenir, nous, enfants de 5 ans au jardin ou même plus âgés à l’école, devions enfreindre certains règlements.

Au jardin d’enfants, nous ne pouvions profiter de ce fruit que clandestinement.

Nous n’avions accès au tamarinier qu’à partir d’une fenêtre de la salle de classe des grands, accès qui nous était interdit en dehors des heures de classe. L’arbre se trouvait derrière une clôture que nous ne pouvions franchir. Certaines de ses branches avait se rapprochaient tout de même de la fenêtre. Y accéder supposait que nous devions nous percher à cette fenêtre et tendre nos bras d’enfants de cinq ans, aussi courts étaient-ils, pour tenter de cueillir au moins une gousse de ses fruits. Le plus chanceux s’empêchait de porter le plus de grains que possible à la bouche avant d’en partager avec le reste du groupe, au risque de se mettre à tout cracher à cause de l’acidité du tamarin.

Plus tard, en école primaire et même jusqu’en classe secondaire, nous ne perdîmes pas cette attitude clandestine. Il nous fallait avoir recours à autant, sinon plus, de grands moyens pour nous en procurer et aussi pour ne pas avoir à en partager avec les autres. La seule différence était que nous ne les « volions » pas de l’arbre. Nous devions trouver le moyen d’arriver au vendeur sans être vues, ce que nous ne pouvions faire sans violer certains règlements.

Les tamarins se vendaient à l’entrée de l’école, accès qui nous était interdit une fois que nous avions franchi le portail principal à notre arrivée le matin. Nous n’étions pas autorisées à retourner sur nos pas, ce qui ne nous empêchait pas de tenter l’aventure pour autant. Bien au contraire. Les grains de tamarins en étaient plus délicieux. Ces interdictions ne faisaient que rendre ce fruit meilleur.

Nous aimions le tamarin pour sa pulpe charnue, juteuse, acidulée ; pour la victoire d’avoir pu enfreindre une loi sans se faire attraper et aussi pour le challenge de ne pas être « suprimé » en le mangeant.

Nous prenions en effet plaisir à en mettre un bon lot dans la bouche d’un coup pour prouver à nos camarades de classe que nous pouvions en supporter l’acidité sans broncher. Nul besoin de vous dire qu’il nous arrivait assez souvent d’avoir à recracher les grains aussi vite que nous les avions portés à notre bouche. Ceci ne nous ôtait pas le plaisir pour autant.

Je racontais ces petites épopées à mon père il y a quelques jours. Et c’est alors qu’’il m’a rapporté qu’enfants, ils arrivaient à atténuer l’acidité des tamarins en passant le fruit ôté de son écorce dans des cendres de charbon encore ardent. Le fruit en devenait chaud et alors moins sûr, apparemment.

J’ai été étonnée de l’apprendre car je n’imagine pas les tamarins de chez nous sans leur acidité. Je me demande aussi ce qu’aurait été mon enfance si nous avions pris l’habitude de les manger ainsi. Un fait est certain, nous n’en aurions pas mangé autant sur la cour d’école. Nous aurions perdu la joie que nous avions d’enfreindre tant de règlements pour obtenir ce fameux fruit défendu. Nous en aurions consommés bien moins.

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