La punition aux raisins grattant

Quand, il y a quelques jours une tante me demanda si je connaissais les raisins sauvages, j’étais loin d’imaginer qu’elle était sur le point de me faire revivre des moments intenses de ma vie d’écolière.

A la vue du sachet rempli de raisins sauvages, je n’arrivai pas à cacher ma joie. Sur le coup, je me retrouvai en uniforme parmi mes camarades de classe à l’école primaire puis au secondaire. En ce temps-là nous avions souvent des conversations animées au sujet des vignes ornant les charmilles sous lesquelles nous passions nos heures de punitions sans être autorisées à cueillir les raisins qui nous mettaient pourtant l’eau à la bouche.

Ces raisins étaient en fait le fruit défendu de cette cour. Nous passions des heures à l’ombre des vignes mais avions rarement la chance de nous retrouver seules assez longtemps pour en cueillir quelques fruits sans nous faire attraper. Seules les plus braves d’entre nous arrivaient à cueillir quelques grappes qu’elles cachaient dans leurs poches et mangeaient au fur et à mesure non sans une surprise désagréable.

Ces raisins dits sauvages chez nous grattaient. D’après les rumeurs de la cour de récréation, les religieuses aspergeaient les vignes tous les soirs d’une substance provoquant ce genre de démangeaisons pour nous empêcher justement d’en manger. Leur objectif ? Garder autant de raisins pour la préparation de leur vin rouge. Du moins, telle était l’histoire qui se transmettait d’une génération à l’autre.

Je crois même que c’est cette même histoire qui nous motivait à enfreindre les règlements et à tenter de cueillir autant de raisins sauvages que possible. Qu’ils grattent ou non, il nous fallait absolument avoir ces raisins que nous ramenions sur la cour un sourire triomphal aux lèvres. Ces butins fruités provoquaient la jalousie de nos camarades et nous permettaient de diminuer la « production » de vin des Sœurs. Une double victoire à nos yeux.

A l’époque, nous ignorions qu’il était possible de faire que ces raisins ne grattent plus et soient donc plus agréables à manger. Après toutes ces années de sentiments contradictoires à l’égard de ce fruit, ce n’est que ce weekend que j’appris qu’en fait les sœurs n’avaient rien à voir avec ces démangeaisons.

Nous cueillions les raisins à la dérobée et ne prenions pas vraiment le temps de les laver avant de les porter à la bouche. Nous nous contentions simplement de les essuyer avec nos mains ou sur nos uniformes, ce qui fut notre plus grande erreur.

Apparemment, le pollen et la poussière qui se déposent sur les fruits sont la source des démangeaisons dont nous étions victimes. Ces minuscules raisins arrondis et sucrés doivent donc être bien lavés avant d’être consommés. Une fois plongés dans de l’eau, ils perdent leur couche poussiéreuse et deviennent très agréable au goût sans effets secondaires.

C’est ce secret que nous ignorions durant notre enfance, et maintenant que je le connais, je me demande pourquoi personne n’avait pris le temps de nous l’expliquer il y a de cela 10 à 15 ans. Nous aurions mangé bien plus de ces raisins sauvages!

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